Tout ira bien maintenant [PV Aska]

J’entrais dans le temple, essoufflé. J’avais volé vraiment très vite pour arriver, pour trouver notre belle capitale complètement vide de toute forme de vie. J’ai croisé les cadavres de nos paires, mais aussi d’espagnols… j’avais peur, je ne pensais qu’à Aska en ayant peur qu’il se soit fait capturer. C’est la raison pour laquelle j’étais arrivé dans son temple en courant.

Je fus pris d’une grande tristesse en voyant qu’il avait été profané et pillé. Comment tout cela avait-il bien pu se passer ? Nous avions tout perdu… et en un laps de temps beaucoup trop rapide… Et Aska ? Où était-il ? Je l’appelais, plusieurs fois, tremblant à l’idée qu’il lui soit arrivé quelque chose.

Aska… où es-tu ? Réponds moi je t’en supplie… Je cherchais partout, en paniquant. Je fouillais tout, les coffres, les petits recoins où mon beau petit serpent aurait pu se faufiler, je cherchais vraiment partout avant de m’assoir au sol, au milieu du temple, essoufflé et désespéré. Les larmes coulèrent le long de mes joues.

Aska… mais où es-tu ? Sors de ta cachette… il n’y a que moi… Killama… s’il te plait réponds moi… je suis mort de peur à l’idée que l’on t’ait enlevé, que l’on t’ait fait du mal… Aska réponds moi par pitié ! J’ai peur… je ne veux pas te perdre… tu es tout pour moi… Je prendrais soin de toi… je te protègerai… mais viens s’il te plait… sors de ta cachette, il n’y a plus d’espagnols pour te faire du mal, ils sont tous partis… il n’y a que moi… j’espère ne pas être arrivé trop tard pour au moins te sauver toi…

Depuis combien de temps je suis ici, dans ce recoin de ma chambre ? Je l’ignore. Les jours et les nuits se sont succédées sans que j’en tienne le compte. Je pleure. Depuis toujours je pleure. Depuis que les espagnols sont revenus je pleure. Dans des moments d’égarement de mon esprit, je me demande pourquoi je ne suis pas encore desséché, pourquoi je ne baigne pas dans une mare de larmes, si mes joues deviendrons des canyons marqués par l’écoulement des larmes.

J’entends des bruits de pas et instinctivement je me transforme en serpent. Les espagnols sont venus de si nombreuses fois que c’est devenu un réflexe, que je n’y fais même plus attention. Parfois je me dis que je devrais me laisser attraper. Pour mettre fin à cette douleur. Mais j’ai peur. Et puis j’ai fais une promesse à Topaze.

Des cris résonnent. Mais ce ne sont pas là des espagnols. Leur langue est si différente de la mienne que je la reconnais facilement. Non… Les cris m’appellent. A travers mon esprit embrumé de douleur et de peine, je parviens à reconnaître cette voix. Oui, je la connais. Un allié qui pourra ici m’aider.

Doucement, craintif, toujours serpent, je me rend vers la source de cette voix. Mon souffle se coupe. Il est là, assit sur le sol, en larmes. Ce roc qui a toujours été là à mes côtés… Mon soutien de toujours, celui qui était fort quand j’étais faible… Je ne pensais jamais le voir dans cet état. Ces espagnols nous ont fait bien du mal. Et tout ça c’est de ma faute. Si j’avais dit à mon peuple qu’ils ne sont pas des dieux, tout ça aurait pu être évité….

Dans ces conditions, comment je pourrais retourner à ses côtés ? Je ne le mérite pas… En dehors de ma volonté, mon corps ondule sur le sol et se rapproche du prêtre. Minuscule, mon corps animal se blotti contre lui, se roulant légèrement en boule.

Oui… Une présence rassurante… Killama, reste avec moi...

J’avais tellement peur que les espagnols aient eu Aska aussi… j’aurai dû rester à ses côtés pour le protégé… jamais je n’aurai dû m’éloigner de lui. Aska était sous ma responsabilité… et ce depuis longtemps, depuis bien avant que je l’aime… et je me sens bien plus responsable de lui depuis que j’ai des sentiments à son égard. C’est sans doute pour cela qu’aujourd’hui je laisse tomber mon masque, pour cela que je pleure tellement je suis inquiet…

Je sursaute alors que je sens quelque chose de petit se lover contre moi. Je baisse les yeux et soupire en voyant mon lapin blanc. Lui aussi je suis content qu’il aille bien… mais je suis toujours inquiet pour Aska. Je caresse la douce fourrure blanche en commençant à prier pour que celui que j’aime soit encore là, en pleine forme.

Contre mon autre cuisse, je sens se presser une autre chose, petite aussi. Je regardais et manquais de hurler de joie en voyant le minuscule serpent se lover contre moi en se mettant doucement en boule. C’est plus fort que moi, je l’attrape avec précaution et tendresse et lui sourit, l’embrassant sur la tête.

Aska… j’ai eu si peur pour toi…

Je le reposais au sol, caressant ses petites plumes toutes mignonnes en souriant encore.

Tu peux reprendre forme humaine maintenant. Je suis là, plus rien ne t’arrivera, je te protégerai au péril de ma vie.

Contre moi, une chaleur. Familière, rassurante… Je ferme les yeux et me roule en boule. J’aimerais m’endormir. M’endormir pour me réveiller et que tout ça soit juste un mauvais rêve.

Le sommeil m’emporte et je me sens flotter dans les airs… Seulement, je ne me sens pas fatigué ou sur le point de m’endormir. J’ouvre les yeux et voit le visage de Killama, mon prêtre, mon ami,très proche de moi.

Je le regarde. Je pourrais avoir l’air fatigué, triste ou peut-être heureux de le voir, si mon visage de serpent montrait des expressions. Cependant je n’ai qu’un visage de serpent sans expression face à un beau sourire.

Après m’avoir embrassé sur la tête, il me repose au sol et je me précipite sur lui, lui grimpant dessus avec mon corps écailleux, montant jusqu’à ses épaules puis me lovant autour de son cou. Peut-être je ne devrais pas faire ça. Peut-être ça le gênerais. Mais je ne peux pas. J’ai besoin de me reposer contre lui.

Oui, je reprendrais ma forme humaine… Mais pas tout de suite. Laisse-moi me reposer un peu. Et puis, je ne suis même pas sûr d’avoir les forces pour ça...

Je connaissais mon petit serpent par cœur. Il devait être effrayé, triste et fatigué…. Qui ne le serait pas à sa place ?

Dès que je le reposais au sol, il revint rapidement sur moi pour me grimper sur l’épaule, afin de se lover autour de mon cou. Je souriais doucement et me levais en gardant le lapin dans mes bras et en faisant aussi attention à Aska. Aucun des deux ne devait tomber.

D’accord Aska… Garde ta forme animale pour l’instant et repose-toi. Mais on va devoir partir d’ici, les espagnols risquent de revenir… le mieux c’est d’aller à la Cité d’Or, le temps de se refaire… après on pourra sauver ceux qui ont été capturés… peut être même reprendre notre pays… Mais en attendant, on a besoin de se reposer, de se refaire.

Je déambulais ensuite dans le temple.

Aska, je vais regarder si on peut trouver de quoi se défendre, de quoi boire et manger aussi… Il faut préparer notre voyage, alors je vais fouiller partout dans la ville. Je sais que c’est du vol, mais là nous n’avons pas le choix.

Je cherchais partout, avant de trouver deux couvertures, deux petits oreillers, de la viande séchée et du pain sec ainsi qu’une gourde que je remplissais d’eau. Je mettais le tout dans un sac de randonnée, y installant aussi confortablement mon lapin. Une fois finit, je souriais en regardant le petit serpent.

On va y aller Aska, repose toi sur mon cou si tu veux en attendant.

Je sens Killama se lever. Un tel mouvement m’effraie alors instinctivement je serre mon étreinte autour de son cou. Au fond de mon esprit fatigué, je sais que je ne devrais pas faire ça. Même si je suis un tout petit et faible serpent, je pense qu’il peut quand même en souffrir. Je ne voudrais pas l’étouffer.

Il me parle mais je ne lui répond pas. Je ne peux pas lui répondre sous ma forme et même si je le pouvais, je suis trop épuisé pour ça. Je te laisse faire, Killama. C’est ce que je souhaiterais lui dire. Que je me repose entièrement sur lui.

S’il faut prendre des choses qui ne sont pas à nous, je ne jugerais pas mon prêtre. En temps normal, nous ne ferions jamais ça. Mais les circonstances sont exceptionnelles et je ne peux pas lui en vouloir. Personne ne peut lui en vouloir. A vrai dire, je crois que les habitants seraient heureux de savoir que leurs affaires aient pu l’aider.

Je ne regarde pas vraiment où nous nous dirigeons. Je reste silencieux, les yeux fermés. Je me repose et fini par m’endormir dans le cou de mon prêtre, de ma bouée de sauvetage, seule personne en qui je peux avoir confiance à présent. Je sais qu’avec lui, je peux me reposer sans crainte. Je sais qu’il me protégera comme il l’a toujours fait.

Mon petit serpent s’était endormi dans mon cou. Il était vraiment trop mignon. Avec Aska et mon lapin, je prenais alors le chemin de la forêt, un arc et des flèches en bandoulière ainsi qu’une épée à la ceinture. Il fallait vraiment être prudent…

Comme je le pensais, je pu voir des espagnols se diriger vers la ville peu après notre départ. Heureusement, la ville ne possédait pas beaucoup de richesses ou d’objets de culte. La plupart ont été détruits par les prêtres d’après ce que j’ai pu voir… donc ils ne pourront pas profaner nos divinités.

Je soupirais et reprenais mon chemin à travers la brousse. Notre voyage allait être long… mais nous arriverons à la cité d’or, nous retrouverons les nôtres… et après nous être reposés, je suis persuadé qu’on pourra reprendre notre pays et chasser ces envahisseurs… j’en suis sûr… Les dieux ne nous abandonneront pas… jamais.